Ponctuation

C’est lors d’une des sessions des Rencontres de Lure qu’une série de cartes postales anciennes attira mon attention. Sur ces cartes humoristiques, des femmes sexy ou un peu dénudées tenaient dans une main un élément de ponctuation. 

J’ai alors décidé de créer mes propres cartes postales sur le thème de la ponctuation. Pour ces autoportraits photographiques je me suis mise en scène, jouant avec les points, les accents ou les signes diacritiques. Ce qui me tenait le plus à cœur était de choisir une police de caractères différente pour chacun des poèmes accompagnant l’image et d’indiquer quel typographe l’avait créée.

Sur la photographie couleur, une femme de face sourit de toutes ses dents. Elle est très maquillée et porte sur la tête une coiffure composée de roses rose pâle en plastique. Elle est habillée d’un corset bleu et rose à motifs et une fleur rose et jaune est accrochée à sa poitrine. Autour de ses bras flottent une étole rose translucide. Sa main droite est posée sur sa hanche. Elle tient de la main gauche un grand point noir en volume. Des tissus bleus et une guirlande de papiers de couleurs sont accrochés derrière elle. En bas à droite de la photographie est posé un flamand rose contre des carreaux en faïence aux motifs blanc et rose. Le texte noir placé à droite sur l’image est composé en Constantia bold, créé par le typographe John Hudson : « Désolée si je vous importune mais d’un signe de plume, votre ton va baisser. Le discours doit cesser. Je suis le point, c’est la fin. »
Texte composé en Constantia bold, créé par le typographe John Hudson en 2005.

Le point et le typographe John Hudson.

Désolée si je vous importune
Mais d’un signe de plume,
Votre ton va baisser.
Le discours doit cesser.
Je suis le point,
C’est la fin.

Sur la photographie couleur, une femme nous regarde avec un grand sourire. Elle porte une drôle de perruque à boucles bleues, blanches et prune, ainsi qu'une robe de princesse bleu couverte de plantes à fleurs roses en plastique. Elle descend un escalier bleu et blanc et tient de la main gauche un point-virgule géant. Le texte noir sur l’image est composé en Strayhorn par le typographe Michael Harvey : "Continuez l’énumération, avec détermination. Pas moins ! Car je ne suis ni le point, ni tout à fait la virgule. Je suis le point-virgule !"
Texte composé en Strayhorn, créé par le typographe Michael Harvey en 1998.

Le point-virgule et typographe Michael Harvey.

Continuez l’énumération,
avec détermination.
Pas moins !
Car je ne suis ni le point,
ni tout à fait la virgule.
Je suis le point-virgule !

Sur la photographie couleur, une femme est assise, à l’extérieur, sur un tissu argenté. Elle nous regarde en souriant. Elle est très maquillée et quatre roses roses sont accrochées dans ses cheveux. Sa jupe rose a de grands volants en tulle. Elle porte un corset rose et noir et plusieurs boas roses et violets sont posés sur ses épaules. De sa main droite elle tient devant son menton un éventail ouvert en plumes roses. Et de sa main gauche la femme porte un très grand point d’interrogation noir. Des branches et des feuilles d’un bouleau pleureur tombent derrière elle et des ballons contenant de grands confettis roses sont posés autour d’elle. Le texte noir sur la droite de l’image est composé en Barmen créé par le typographe Hans Reichel : « En forme de sucre d’orge, de mon crochet je t’interroge. Sans emphase, d’un verbe débute ta phrase. Ne te pose pas tant de questions, ne suis-je pas le point d’interrogation ! ».
Texte composé en Barmen créé par le typographe Hans Reichel en 1983 et renommée Barmeno en 1990.

Le point d’interrogation et typographe Hans Reichel.

En forme de sucre d’orge,
De mon crochet je t’interroge.
Sans emphase,
D’un verbe débute ta phrase.
Ne te pose pas tant de questions,
Ne suis-je pas le point d’interrogation ?

Sur la photographie couleur, une femme, face à nous, est penchée sur son côté droit. Elle a la bouche ouverte comme si elle était étonnée. Elle a de grosses fleurs rouges accrochées à son chignon. Elle est très maquillée avec un gros rond rouge sur la joue. Placée devant une barrière, le feuillage d’un arbre et une toiture, la femme clown porte un pantalon bleu bouffant, un t-shirt moulant vert et un gilet à plumes rouges. De la main droite elle tient un bouquet de roses rouges en plastique et de la main gauche un point d’exclamation noir géant. Le texte sur la gauche de l’image est blanc composé en Reporter LT.Std créé par le typographe Carlos Winkow : « De mon image, je fends la page. Ne tourne pas en rond ! Avec passion, hausse le ton. Je suis le point d’exclamation ! ».
Texte composé en Reporter LT.Std créé par le typographe Carlos Winkow en 1938. 

Le point d’exclamation et typographe Carlos Winkow.

De mon image,
Ne tourne pas en rond !
Avec passion,
Hausse le ton.
Je suis le point d’exclamation !
Je fends la page.

Sur la photographie couleur, une femme brune est debout dans la forêt. Elle a un chignon et le fard rouge vif qu’elle a sur ses paupières se prolongent en une grosse ligne continue jusqu’à ses tempes. Sa longue robe de soirée à manches évasées et le grand chapeau en paille qu’elle tient de la main droite sur son ventre sont du même rouge vif que son maquillage. Son visage hyper maquillé est stoïque. Son collier est lui aussi rouge. Sur l’extrême gauche de la photo, une étole rouge est accrochée dans les branches aux feuillages verts vifs. De la main gauche elle tient un accent grave rouge au dessus de sa tête. Au milieu de l’image, un miroir ovale est posé sur le sol contre le tronc de l’arbre qui est à côté de la femme. À l’intérieur du miroir au cadre noir se reflète un chat roux et blanc. La femme est sur la gauche de l’image et le texte blanc, composé en Benguiat par le typographe Edward Benguiat, est sur la partie droite. « Ne soyez pas critique ! Objet diacritique, je glisse sur les voyelles, pour les rendre plus belles. Je ne suis pas brave. Juste, l'accent grave ! »
Texte composé en Benguiat créé par le typographe Edward Benguiat en 1977. 

L’accent grave et typographe Edward Benguiat.

Ne soyez pas critique !
Objet diacritique,
Je glisse sur les voyelles,
Pour les rendre plus belles.
Je ne suis pas brave.
Juste, l’accent grave !

La photographie couleur est scindée en deux parties. À gauche de l’image : un sapin. À droite, une femme aux longs cheveux noirs est assise sur un sol encombré de hautes herbes sèches. Elle porte une longue robe verte et orange en wax créée par Gaëlle Prudencio pour Ibilola. Son bustier a un volant et de la fente entrouverte du bas de la robe on voit sa jambe. La femme porte un foulard dans les cheveux, des boucles d’oreilles et des colliers verts. De sa main droite elle tient au dessus de sa tête un grand accent aigu du même orange que le motif de feuille de la robe. À la gauche de l’image, le texte blanc est composé en Benguiat, créé par le typographe Edward Benguiat : « Quelle allégresse ! En diagonale, un peu bancal, sur le e je progresse. Qui l'eut cru, je suis l'accent aigu ! ».
Texte composé en Avenir créé par le typographe Adrian Frutiger en 1988.

L’accent aigu et typographe Adrian Frutiger.

Quelle allégresse !
En diagonale,
Un peu bancal,
Sur le e je progresse.
Qui l’eut cru,
Je suis l’accent aigu !

Sur la photographie couleur, une femme aux longues tresses noires est assise au milieu de tissus bleus et de coton blanc comme si elle était dans des vagues. La femme porte une marinière, de grosses lunettes de soleil turquoises, du rouge à lèvres bleu et des gants en cuir blanc. Elle fait la moue avec sa bouche et a son indexe gauche sur le menton. À sa gauche, un personnage en céramique tient une canne à pêche. Le personnage en céramique porte un chapeau et une marinière. Des branches et des feuilles d’un bouleau pleureur tombent derrière eux. De sa main droite elle tient un grand accent circonflexe noir au dessus de sa tête. Le texte noir au milieu de l’image est composé en Avenir, créé par le typographe Adrian Frutiger : « Sans stress, troque ton s, contre un beau chapeau ! Porte-moi sans complexe, je suis l’accent circonflexe ! ».
Texte composé en Lobster créé par le typographe Pablo Impallari en 2010.

L’accent circonflexe et typographe Pablo Impallari.

Sans stress, troque ton S,
Contre un beau chapeau !    
Porte-moi sans complexe,
Je suis l’accent circonflexe !

Sur la photographie couleur, une femme debout, face à nous, tient de sa main gauche une arobase rose tyrien. Son bras est tendu sur sa gauche. De la main droite elle mime le geste de tirer une flèche à l'aide de ce signe devenu un arc. Yeux noirs et menton relevé, elle est très maquillée et ses cheveux longs sont noirs et violets. Elle pose devant un long mur recouvert de tissu de wax rose vif à motifs de chaussures bleues et jaunes. Au dessus du mur poussent des iris mauves et violettes. Le corps de la femme est entouré du même wax rose, le confondant avec le mur. Elle porte des chaussures bleues similaires au modèle visible sur le tissu. Le texte blanc composé en ITC Benguiat Gothic, le typographe Edward Benguiat, est placé sur le muré sur la droite de l’image : "De mon arc, je lie les gens et t’embarque, faire le tour la Planète, connecté à internet. J'ai hâte, ouvre le message ! Je suis l’arobase. ».
Texte composé en ITC Benguiat Gothic créé par le typographe Edward Benguiat en 1979.

L’arobase et typographe Edward Benguiat.

De mon arc,
Je lie les gens et t’embarque,
Faire le tour de la Planète,
Connectée à internet.
J’ai hâte, ouvre le message !
Je suis l’@robase.